À propos
Comme la majorité des gens, je suis au fond obsédé par l’idée de trouver quelque chose de vrai en moi et dans le monde. Quête difficile quand on a vu l’enfant sauter de l’arbre, ou quand on se prend à aimer le travail raisonnable… et pour quel résultat. Sur ce chemin poétique tout n’est que secret et ambiguïté. Une conclusion apparaît à la fin, ça n’est pas une réponse mais c’est la fin du voyage. Voici donc un nouveau livre que je vous présente cette fois avec sa propre page internet. Les 3 poèmes qui le composent (CSTM, CLN et 666LAPOASSIE) ont été écrit entre septembre 2023 et juin 2024. Son titre : COMPTE SUR TES MAINS
CSTM
I
je suis terre à terre quand je dis
que la lune est un disque
qu’elle a tourné septante-trois fois
depuis mon dernier poème
c’est vrai que depuis mon dernier poème
je n’ai pas cessé
de travailler
II
le jour ne s’est jamais levé
la nuit n’est jamais tombée
ce n’est pas si grave
de comprendre
si tu ne veux pas mourir
ce n’est pas si grave
d’attendre
III
moi
j’embrasse la beauté de mon bras valide
ni pécheur ni innocent
je boite à reculons direction la maison
le jardin
le potager
je cherche mes mains
fidèle au poste et aux points cardinaux
je refuse de me demander
d’où je viens
IV
je ne pense qu’au travail je ne
pense qu’au repos
et quelle va être ma semaine
j’ai jeté beaucoup d’années au sol pour regarder fleurir
ma terre
j’ai bon espoir de m’y étendre un jour
V
je fais tout le tour je suis plus léger je suis moins désireux d’en parler
je vois tous les jours du travail à fournir j’ai appris à danser j’apprends
l’espoir maintenant je l’aime de moins en moins je suis désireux de
finir
VI
la drogue m’a laissée
avec un savoir
si je suis fatiguée je vois des fantômes ça n’est toujours pas
une métaphore ça n’est pas l’esprit des mots ni des
morts
c’est un signal pour me dire
que je dois partir
VII
et 6 je ne peux plus manger
l’air ne pourra plus rentrer
et 6 un silence
est un coup de klaxon
dans la rue
et 6 la police vous tue
quand vous êtes en train de lire
quand vous essayer d’être
quand vous auriez voulu
dire
6 lances
fusent
VIII
mémoire des visages et appétit des nombres
sur un temps assez long
un espace suffisamment grand
tout coule dans le bois tout est perdu dans le sang
6x4x2
c’était le long du fleuve
que je rentrais dans le ventre
IX
des enfants chanteurs et tout le monde s’accorde
pour dire oui
ils ne font pas semblant
tout ça c’est pour tout le monde
c’est comme avoir faim
ils diront
c’est comme l’aube c’est comme
les insectes
au printemps
la chaleur en été
des enfants chanteront et tout le monde s’accordera pour dire
oui
oui oui et oui
c’est comme les nuages et comme la pluie
c’est comme les chansons mars
et février jamais
personne n’osera mentir
X
on espère que les oiseaux s’en repaîtront
c’est ce qu’on espère c’est ce qu’on se dit
c’est ce que tout le monde se dit
pendant qu’on mêle l’eau au savon
le propre et le sale
c’est ce que tout le monde pense
XI
l’eau la lumière et le vent
je ne m’ennuie jamais jamais
et je suis seule et seul
j’ai des amis pour le dire
je dors la nuit
j’ai une mère que j’adore
je ne cherche pas les paroles
je dis la vérité
je fais semblant
je suis tout nu dans ma douche
je me touche
je me tourne
je me touche
XII
je suis une pierre bègue
j’ai décidé de
manquer mon temps
tout ce que je dis me
répète
et cela est très bien
je ne finis pas mes phrases
je ne peux pas faire mieux
et vous devrez tous comprendre
c’est très important
XIII
nous ne dirons rien de ce qu’on sait déjà
et encore rien que cela
il faut de l’ombre et de quoi boire
des gouttes pour les yeux
ce qui commence s’arrête pour la même raison
c’est trop sec ou
ça ne l’est pas assez
il faut mouiller le pain pour l’avaler
épaissir l’eau pour l’avaler
même à la mort c’est
l’ hu mi di té
tu envoies des ordres
je devine un mode
de démangeaisons
XIV
gouttes d’eau suspendues aux poussières très très hautes
nuages
moment unique du cycle de l’eau
courrier animé
cumulonimbus ou stratus
miroir du soleil et porteur de présage
moutons
être entier ou partie d’un monstre
vision du dessous ou bien vue du dessus
réponse à la prière
nougat
distraction
homonyme
symptôme
XV
je dévalais les escaliers
en montant
je faisais des choses on me demandait
pourquoi
je ne savais pas répondre
je ne savais pas de quelle manière
de quelle manière d’enfant
plus tard j’ai dit beaucoup de choses
mais je n’ai pas tout dit
j’ai gardé un secret que je ne garde pas seul
j’ai vu par la fenêtre les
branches de l’arbre faire une fortune
terrifiante
c’est vrai je l’ai vraiment vu je l’ai vraiment vécu
j’ai appris plus tard que tout le monde avait menti
j’ai appris comme je continue de croire
c’est moi qui décide
c’est moi qui le dit
XVI
plus tard j’ai eu peur comme dans le noir
sans mur pour me tenir
sans image
je n’ai pas eu le temps de baisser
ma garde
je cours vite
je pars à la ville
je parle en échos
j’ai eu peur
je n’ai encore
connu qu’une chose
voilà
XVII
j’ai appris que l’astrologue avait menti
que le soleil n’était pas où il disait
à ma naissance trois cinq huit et neuf
XVIII
le murs sont couverts de ses souvenirs
c’est facile d’écrire modernement
les bêtes dans le ciel et dans le ciel
les petites répétitions
il faut partager l’espace en 4
l’espace entre vingt rayons
elle y tient comme à sa conscience
peurs de nos peurs
bien assez communes pour être aimées comme une
XIX
ce n’est pas ni la nuit ni le jour ni l’heure des loups
personne ne les a décidés
les enfants – les étoiles
aux branches dégarnies ont pris la peine
de monter
autrement dit sauter du lit
autrement dit à la vue de tous
et ce n’est pas dans mes bras qu’ils iront se
réconforter
XX
chasseur
alliance
moteur inhumain
votons ensemble
tout n’est pas aussi médiocre que
la joie la fête la viande
et 6x6x2
XXI
6-7 = énorme mensonge
matin d’octobre chaud
février d’hiver
rien n’existe qui n’a pas d’âme
sous son autorité
ou à sa cour
XXII
à quelle latitude le jour
à quelle altitude la nuit
je suis mourant dans un océan de sen-
teurs
électriques
magnétiques
et quan-
tiques
la couleur brûle et la fleur est pleine de regrets
la neige tombe sur ma voix
de ma voix tombe de la neige
rien n’a voulu changer de sens
2+2=2
on ne peut plus s’empêcher de ressentir quelque chose
on n’abolit pas sa vie
et ce quoi qu’elle puisse être
XXIII
tout ce qui vit pèse et me manque
15=7
pays en guerre sans discernement
m’as-tu fait tendrement
entendre ta voix
qu’est-ce qu’une tombe au regard de la mort
XXIV
seule comme un nombre
3 fois 3
fait 11
rien de tout ça n’est vrai
le soir fait 8 fois 8
tes mains font 5 et 5
le fossé se creuse
impossible d’avoir
ne demande qu’à voir
CLN
I
une éclipse et c’était un visage
m’observant vite puis se cachant
une voix dit :
éteins les lampes
pour nous voir
éteins les lampes
mais rue de l’école les enfants s’allument
II
18 têtes noires et 18 têtes blondes
sont au ciel et regardent les fleurs
à leur constellation
j’ai reconnu celle qui dit
les trésors du ciel tombent pour les uns
et les forces de la terre montent pour les autres
III
(vous les orbes du ciel tomberont sur vos têtes
tout ce que vous avez jeté vous sera jeté par eux au visage
car ce sera le début
car eux seuls méritent d’être aimés
et vous d’abord leur avez menti)
IV
nous savons tout de toi
idole sans cou
verbe sans pied
sentant et sentiant
ta vie s’annonce meurtrière
ne leur dis pas qui nous sommes
mais à toi nous pouvons te dire
que nous aimerons tout
V
ils n’ont encore tué personne mais jurent que ça viendra
ils disent attendons le ciel fleuri le ciel qui fleurisse
ils disent attendons le ciel fleuré
je les ai vus ils n’ont plus besoin de leurs yeux pour jouer
personne ne raconte leur histoire mais bientôt tout sera là
VI
CLN s’étend comme un allié gouverné par des fous
sur le bois mon arme pend
des enfants qui ne sont pas passés
se préparent à recruter
CLN ils disent CLO CLJ
le temps s’avance sur leur labyrinthe de fuite
VII
(fleurs séchées sur leur dos des plantes grasses sur leur poitrine
dans le café noir je plonge
mes yeux pour le repos
j’ai besoin de repos
je dois sortir du royaume
j’ai cherché la couleur de leurs yeux dans les fleurs
leurs yeux étaient dans les fleurs
c’est là où ils étaient)
VIII
jet de pierre sur les lampadaires
l’aurore à minuit c’est terminé
de nos yeux nous ne gardons
que la couleur de M et de B
nous ne sommes là ni pour punir
ni pour désunir
IX
c’est sans doute le chemin
c’est la fête qui monte sur le globe et danse
nous t’écoutons nous écoutons ta joie
nous sommes l’écho nous avons laissé nos yeux
battre le tambour
parole de la chair au dessus du monde
alors que tout est aux cieux
X
encore une fois avec toi mon coeur
je te sème
tiens les bras en croix pour te protéger du gouffre
tiens à ta prière
et pense à me parler
j’ai encore un jardin devant moi pour demain
666LAPOASSIE
I
toute ma vie je cherche une manière de mourir puisqu’il faut mourir
le bout de mes nerfs sont des fleurs et furent pareilles aux fleurs aperçues sur les petits espaces verts depuis la fenêtre du bus en allant et en rentrant du travail (…)
les poser sur la pierre et sortir la lame c’est tout dire
je cueille des fleurs sur les couleursives je les plante dans mes rêves
je sais que le diable est au bord de la mer et m’attend
car elles chantent les vagues au bord de la mer
II
si tu cherches mon message tu ne trouveras rien
(pardon je fais ton éducation
de toutes façons vous me direz
sinon j’irai plus loin)
il n’est pas dit qu’elles ne
reviendront pas parler
si elles reviennent elles parleront fort la voix explose les tympans
qui s’attendent à tout sauf ça
III
c’est ce que nous sommes
c’est ce que nous avons fait
c’est ce que nous serons
voici le plan du poème qui est là :
je connais le nord je connais l’est
je connais le sud je connais l’ouest
je ne connais pas le bord
je donne la source et le plan
je fais part de mon inquiétude
je marche
je divague
je tente encore une fois de dire le vert
je laisse un indice
je divulgue la méthode
je fais grand cas de moi même
je laisse le nom des fleurs derrière moi je dis fleurs et ça dit déjà tout
je garde pour moi ce que j’ai appris
je lève les yeux vers les yeux du lecteur
je joins les deux bouts
IV
c’est mon hallucination la plus personnelle à ce moment
vraiment que les ronces recouvrent leurs visages s’ils pleurent pour moi
j’ai des fleurs dans les yeux et jusque sur la mer le chemin est indiqué
alors qu’on parle du feu le feu vert le vert partout m’envoie
V
enveloppée dans un papier plié
la poassie ce n’est pas s’avouer vaincu
ni danser dans les couleursives
les couleurs sont passées pour prendre congé de toi
l’amour enveloppera ton coeur et mon ventre la poassie
c’est tout ce qui t’arrête ce que je voudrai pour toi
VI
la mer se trouve au nord s’ils veulent ma couleur qu’ils la prennent pour en parler
je l’offre de bon coeur en la disant
VII
mes amis veulent le vert de la pelouse
le sang vert des arbustes
ils n’ont que leurs os pour tailler une lame
qui servira sûrement sachant
ça je crois que je devrai suivre ce qui me pousse
plus fort que les points du ciel
VIII
plus fort que les points du ciel
les fleurs brillent sous mes pas
les genoux sous la pelouse
les 2 mains dans le sable
puis-je parler sans qu’on m’entende
j’ai dit
puis je écouter sans qu’on me parle
IX
j’étais beau comme mes bras se figeaient dans les branches
nous avons porté la nuit tout le long jusqu’au point du jour en vous écoutant
et nous pouvons passer le relais
verser le feu de votre faim
dans un voyage
pour le monde et la vie
X
(il aura fallu brûler le paysage en avançant pas en reculant
mais ça ira)
XI
mes yeux je lève ma main pour l’empêcher de les brûler
je le laisse écrire et je choisi ensuite ce que je délivre
je suis avant lui pour brûler les fleurs et la trouver
là-bas les mains serrées ici les mains rêvées
3000 soleils 3000000 de fleurs combien de pétales.
les monts esseulés au 666 je me désole
moi et le diable
devant moi et la mer
là-bas les mains serrées ici les mains rêvées
devant moi la mer au loin les monts demiurges
XII
voyage voyage brûlé voyage voyage
des sourcils et des yeux posés sur le débardage
avant que tout rigole
que des fronts se vident en poussant avec sueur leurs rêves au delà
je laisse mon nom parmis le nom des vagues
que mon nom l’érode un tout petit peu
ce fameux mont
XIII
dit
il
le diable me suit partout me parlant
il porte mes offrandes dans ses mains
moi c’est celui qui précède la beauté
sur le chemin fleuri
XIV
là il ne reste de mes bras que des os aiguisés j’en ai assez
le vert me recouvre à attendre au bord de l’eau
le diable ici gît tout autant que moi il rit
je gratte un point rouge qui saigne ma fleur des mots